D'Hitler à Nuremberg
Contexte historique
Le 30 janvier 1933, Adolf Hitler, chef du parti national-socialiste (nazi), est nommé chancelier du Reich (premier ministre) par le président de la République allemande, le maréchal Hindenburg. Hitler et ses troupes éliminent l’opposition des communistes, des socialistes et des syndicalistes par la violence, en toute légalité. Les premiers camps de concentration sont alors ouverts pour les opposants.
Le 28 février 1933, l’incendie du Reichstag est attribué à un prétendu complot communiste. 4000 responsables du KPD (parti communiste allemand) sont arrêtés. Ils seront les premiers à être envoyés en camp de concentration. Ce même jour, Hitler fait signer par le président von Hindenburg un « décret pour la protection du peuple et de l’Etat » qui suspend les libertés fondamentales, donne des pouvoirs de police exceptionnels aux Régions (Länder) et met fin à la démocratie.
En mars 1933, le préfet de police de la Bavière, Heinrich Himmler, annonce la création du premier camp de concentration à Dachau, pouvant accueillir 5 000 détenus. Ce camp doit devenir le modèle du système concentrationnaire. Le 23 mars 1933, l’Assemblée vote à la majorité décret qui donne au chancelier un pouvoir législatif exclusif pendant quatre ans. Le 31 mars 1933, Hitler dissout les Diètes (assemblées législatives) des différents Länder qui composent la République allemande, à l’exception de la Prusse. L’Allemagne devient un Etat centralisé.
En 1934, l’opposition interne au parti NSDAP est éliminée et les SA (Sections d'Assaut) ont le choix entre rejoindre la SS (Schutzstaffel-escadron de protection) ou se retrouver en camp de concentration. En juin 1934, l’administration et la garde des détenus dans les camps de concentration sont gérées par les SS, sous le commandement d'Himmler. Ils remplacent les SA. A la mort de Hindenburg en août, Hitler devient président de la République et détient désormais tous les pouvoirs.
La doctrine nazie est mise en place : « Ein Volk, ein Reich, ein Fuhrër ». L’organisation de la société repose sur le racisme. Le peuple allemand, communauté de sang et de race doit être libéré des « races inférieures », nuisibles, tels que les Juifs. Sur le plan européen, seuls les Nordiques échappent à la classification de race inférieure.
A l’été 1938, après l’annexion de l’Autriche, un kommando venu de Dachau construit les premières baraques du camp de Mauthausen. En automne de la même année, 500 détenus de Sachsenhausen arrivent à Ravensbrück, dans le Mecklembourg, pour construire des bâtiments du premier camp destiné à recevoir des femmes. Les camps deviennent un élément constitutif du régime nazi.
Petit à petit, une toile d’araignée concentrationnaire se crée sur le territoire allemand. Chaque conquête hitlérienne va s’accompagner de l’ouverture d’un nouveau camp.
En mai-juin 1940, les Allemands envahissent la France. Le maréchal Pétain, le 17 juin, appelle à cesser le combat. Le 22, l’armistice est signé et prend effet le 25 juin. La France est divisée en deux, coupée par la ligne de démarcation. L’Alsace et la Moselle sont annexées de fait au Reich. S’en suit en 1941 la construction à l’ouest de Strasbourg du camp du Struthof, à Natzweiler, pour exploiter notamment le granit rose. Himmler associe l’implantation des camps à la production de matériaux de construction (briques, pierres ou donc granit). En France, face à la recrudescence des actes de résistance, les Allemands décident d’infliger une peine discrète : la déportation vers l’Allemagne. Il s’agit de faire peur à la population en faisant disparaître mystérieusement les résistants. A cette fin, le 7 décembre 1941, le décret Nacht und Nebel est signé par le maréchal Keitel (chef de l’armée). Il prévoit le transfert secret en Allemagne des résistants suspectés d’actes hostiles contre le Reich et dont la condamnation ne peut être obtenue rapidement par les tribunaux militaires dans les pays occupés. Ils sont alors déportés dans les camps de concentration. Les populations juives, aussi victimes du régime nazi, sont envoyées dans ces camps. Les Allemands ont la volonté d’une réorganisation de la composition ethnique de l’Europe et souhaitent faire « partir » les Juifs d’Europe. Ils décident fin 1941 – début 1942 « la solution finale de la question juive en Europe » qui est le meurtre systématique de tous les Juifs du continent. Ils sont raflés par familles entières avec en France la complicité du gouvernement de Vichy. En Pologne et dans d’autres pays, ils sont regroupés dans des ghettos. A partir de cette période, sont créés les camps d’extermination où ces populations juives vont être déportées pour être tuées dans des chambres à gaz, par fusillades ou par d’autres moyens, puis brûlées dans les crématoires.
L’évolution de la guerre oblige les Allemands à mettre les détenus au travail. L’extermination des déportés par le travail constitue l’aboutissement d’un processus vers lequel toutes les autorités du IIIème Reich tendent : trouver de la matière première et de la main-d’œuvre indispensable à l’effort de guerre. A partir de 1942, avec le retournement de la guerre, le besoin de main d’œuvre augmente d’où des déportations massives, les autorités recommandant de privilégier la déportation sur l’exécution. Des condamnés à mort se retrouvent aussi déportés.